La “tache d’huile” francophone s’étend et les plaintes à l’Europe s’accumulent
Ce terme très utilisé en Flandre et souvent péjoratif désigne l’avancée de la population francophone dans les communes flamandes de la périphérie bruxelloise. Une étude flamande vient aujourd’hui apporter des chiffres au moulin flamingant… mais leur pose en même temps un problème: les francophones ne sont pas les seuls à s’installer en Flandre…
Chaque année, la périphérie bruxelloise gagne de plus en plus de francophones, révèle une étude réalisée par l’équivalent flamand de l’ONE. On y enregistre en effet de plus en plus de naissances dans les familles francophones. Dans les communes à facilité, la situation est même critique (vue de Flandre): Wezembeek-Oppem ne compte par exemple plus que 10% d’habitants qui parlent le néerlandais ! L’explication de cette progression est à chercher quelques kilomètres plus loin, à Bruxelles même. En effet, la capitale reste les premier pole d’attraction culturel, économique et étudiant du pays. En tant que tel, sa démographie explose, à l’instar de celle des autres grandes agglomérations du monde. Mais le problème bruxellois est plus complexe.
La population bruxelloise augmente
Chaque année, 10.000 Wallons et 10.000 Flamands viennent s’installer à Bruxelles-Capitale. Ces chiffres paraissent grands, mais ils sont limités aux 19 communes bruxelloises, déjà saturées au niveau démographique. “Il faut regarder ça plus largement, dans le sens de l’agglomération bruxelloise mais aussi des endroits où il y a une gare ou une autoroute”, précise Patrick Deboosere, professeur de Démographie à la VUB
L’agglomération bruxelloise s’étend aujourd’hui très loin des frontières de la ville
En effet, des milliers d’autres personnes viennent s’installer dans l’agglomération bruxelloise, donc en Flandre, là où il y a des terrains et des logements libres. Le profil du nouvel arrivant à Dilbeek, Rhode-Saint-Genèse, Meise ou autre est une personne relativement jeune, diplômé et actif, qui chercher à fonder un foyer et donc à s’installer durablement, qu’il soit Flamand ou francophone. “Plus leurs revenus sont élevés, plus ils peuvent se permettre de choisir la commune dans laquelle ils vont habiter. Et ceux qui ont des revenus moins élevés vont aller chercher plus loin. On voit maintenant que l’agglomération bruxelloise s’étale sur une superficie beaucoup plus grande“, explique le Pr Deboosere.
La “tache d’huile” francophone est en réalité internationale, comme Bruxelles
Mais Wallons et Flamands ne suffisent pas à expliquer ce boom démographique. Pour tordre le coup aux mesures anti-francophones révélées ces derniers jours, il faut aussi noter que si le nombre de Flamands diminue dans ces communes, c’est aussi parce que Bruxelles s’internationalise. “On ne dit pas nécessairement qu’on parle de moins en moins le flamand. Ce qui se passe, c’est que la composition de la population est en train de s’internationaliser. Ce n’est pas seulement qu’il y a plus de francophones qui vont habiter la périphérie, mais une population qui est le reflet de la composition de la population de Bruxelles même.” Comprenez par là une proportion non négligeable de personnes issues des flux migratoires liés aux institutions internationales, de l’élargissement de l’Union Européenne aux pays de l’Est, de l’afflux de demandeurs d’asile ou encore des regroupements familiaux.
Le caractère flamand de la périphérie serait donc bien en danger, mais la solution devra dépasser l’actuel clivage entre Flamands et francophones.
Source : RTLINFO.BE