5 questions à notre tête de liste à l’élection régionale pour le Vlaams Parlement

Nicolas Kuczynski, 41 ans, avocat, conseiller communal à Rhode-Saint-Genèse et conseiller provincial.
UF se positionne pour le respect des droits des francophones en Flandre, ne pensez-vous pas que ce discours soit dépassé ?
UF, dépassé ? J’aimerais pouvoir tenir de tels propos ! Mais le quotidien nous montre que nous devons toujours rester extrêmement vigilants.
Exemple très récent : la Flandre a annulé la décision des communes à facilités d’envoyer les convocations électorales en français aux francophones qui se sont déclarés comme tels. Cela revient à restreindre les droits des habitants des communes à facilités. Ce faisant, la Flandre ne respecte pas l’Etat de droit en refusant d’appliquer les arrêts prononcés par les plus hautes juridictions de Belgique.
Pour les mêmes raisons, elle refuse la nomination des bourgmestres de Rhode-Saint-Genèse, de Linkebeek, de Drogenbos et de Wezembeek-Oppem, ce qui pose d’énormes problèmes de gestion dans ces communes. Ces bourgmestres ont pourtant été élus démocratiquement !
Je rappelle aussi que la Flandre refuse toujours de ratifier la convention cadre de la protection des minorités, et qu’elle refuse de participer à la mise en œuvre de la communauté métropolitaine (Bruxelles et sa périphérie) visant notamment de régler les problèmes de mobilité.
En matière de permis de conduire aussi, la Flandre interprète ses compétences de manière extensive. Pour obtenir leur permis, les jeunes conducteurs domiciliés en Flandre doivent passer une formation complémentaire en néerlandais (même s’ils ont passé leur permis à Bruxelles).
Les exemples sont nombreux : les francophones qui vivent en périphérie ont des droits définis par la constitution et il faut se battre pour les faire respecter !
Aux communales, on a remarqué un recul d’UF en Flandre, au profit parfois de listes bilingues. On remarque aussi que les jeunes francophones préfèrent voter pour les partis flamands qui portent leurs idéaux.
Aux dernières élections communales, on a remarqué la présence de candidats francophones sur différentes listes entrainant ainsi une dilution des voix et, par conséquent, une perte de sièges.
Cependant, les communes qui ont su préserver l’unité en rassemblant tous les partis francophones et des indépendants sur une seule liste d’union ont obtenu de bons résultats. A Rhode-Saint-Genèse, la liste francophone a même gagné un siège en passant de 17 à 18 sièges sur 25 au conseil communal. De même, à Beersel, commune pourtant sans facilités, la liste UF a également progressé.
Préserver l’union de tous les francophones est donc la meilleure manière d’assurer notre représentativité en Flandre.
Nous déplorons d’ailleurs donc qu’Ecolo n’ait pas souhaité rejoindre UF alors qu’ils étaient présents au niveau communal sur différentes listes d’union. Cette position d’Ecolo porte atteinte aux francophones de la périphérie.
Les flamands en général sont plutôt régionalistes : ‘vous habitez en Flandre, vous vous adaptez’. Ils rétorquent souvent qu’ils ne revendiquent rien en Wallonie, que leur répondez-vous ?
Il y a effectivement deux grandes communautés en Belgique avec chacune leur culture et leur vision différente de la société.
Elles méritent toutes les deux le respect, ce qui ne signifie pas qu’elles puissent imposer leur vue à l’autre de manière unilatérale.
Les listes UF ne sont pas dirigées contre les flamands mais veillent tout simplement à défendre les droits – tels que garantis par la constitution belge -des quelque 150.000 francophones vivant en brabant flamand.
De même, s’intégrer ne signifie pas s’assimiler. Les francophones, même s’ils vivent en Flandre ne veulent pas perdre leur identité ni leur origine. Et je les comprends.
La présence d’UF en Flandre ne cristallise-t-elle pas les débats communautaires plutôt que de les apaiser ?
Je ne pense pas. L’objectif de notre présence dans les différentes assemblées (communes, province, parlement flamand) est de veiller et de s’opposer aux mesures et aux décisions qui porteraient atteinte aux droits des francophones. Mais pas seulement.
Nous sommes aussi là pour travailler de manière constructive dans l’intérêt de tous.
A titre d’exemple, au conseil provincial du 7 mai 2019, nous avons soutenu avec ma collègue Françoise De Vleeschouwer, la proposition de Groen visant à mettre en place un budget climat pour évaluer et mesures les politiques de réduction d’émission de CO2, notamment. Cette proposition a été rejetée par tous les partis flamands à l’exception du SPa.
Si vous êtes élu, vous allez combiner vos mandats de conseiller communal à Rhode-Saint-Genèse, de conseiller provincial avec celui de député régional ? N’est pas trop pour un seul homme ?
Tout d’abord, j’ai une profession à part entière puisque je suis avocat et exerce à mon compte depuis plus de 15 ans.
A côté de cette profession, je suis effectivement conseiller communal depuis 2006 à Rhode-Saint-Genèse où j’habite depuis près de 35 ans. Je ne compte pas renoncer à mon encrage local. J’adore ma commune et j’accomplis mon mandat de conseiller communal avec passion.
En octobre 2018, j’ai également été élu au conseil provincial du Brabant flamand. Ces deux fonctions prennent du temps, certes mais ne sont pas des fonctions exécutives faisant l’objet de rémunérations.
Cependant, la loi ne permet pas le cumul des fonctions de conseiller provincial et de député flamand. Si je suis élu député régional flamand le 26 mai 2019, je serai donc remplacé au conseil provincial du Brabant flamand.